Evidemment, l’évêque du diocèse de Nice est atterré par ce qui vient de se passer à la basilique Notre-Dame de l’Assomption, à Nice. Evidemment, il a de la peine.
Cependant, le berger des âmes catholiques maralpines est un homme de foi lucide, modéré, fédérateur. Tout en prônant le pardon, il invite l’humain a se poser certaines questions. Chez les catholiques comme chez les musulmans...
Etes-vous allé sur les lieux du drame?
Oui. Jeudi soir, j’ai passé une heure devant la basilique. Je n’y suis pas entré, car cela était interdit. Des gens de cette paroisse, mais également d’autres églises, sont venus vers moi, me dire tout leur effroi, leur douleur, leur peine. Mais également leur désir de paix, de prière. C’était une ambiance très lourde, mais feutrée.
Avez-vous rencontré les familles des victimes?
Pas encore.
Les églises doivent-elles fermer à moins d’être sécurisées, surveillées?
La basilique sera fermée jusqu’à dimanche à cause de ce qu’elle a vécu, mais les autres édifices ne peuvent pas rester fermés. Ma volonté est que les églises restent ouvertes et que les célébrations y soient permises comme le confinement le prévoit jusqu’à lundi soir, sinon cela signifie qu’on cède à un sentiment de peur. Bien sûr, il faut s’assurer que l’ouverture est possible aux moments les plus opportuns, il faut éclairer, pouvoir compter sur des personnes qui accueillent. Les ouvertures sont laissées à la discrétion des curés. Peut-être y aura-t-il des regroupements de messes et de lieux.
Comment réagir après l’horreur de jeudi matin?
On doit dire qu’on n’est pas asservis. Il faut pouvoir donner le signal à d’autres, que nous restons debout! Notre liberté d’expression c’est justement notre liberté d’ouvrir nos églises, où nous proclamons que notre foi est un message d’amour.
Pardonnez-vous au terroriste?
Je suis un "fana" de la croix du Christ qui, au moment de mourir crucifié, a crié: Père, Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font... Le pardon, c’est l’œuvre de Dieu, c’est la capacité d’avoir des sentiments qui ne sont pas ceux de cet homme, qui lui est animé par des sentiments de mort, de haine, de violence.
Justement, la haine islamiste, ça vous inspire quoi?
Que dans les cercles de l’islam, on doit prendre des mesures, tenir des propos afin d’ouvrir les fidèles à d’autres réalités que celles qui vont jusqu’à l’extrémisme. Les musulmans doivent dire très fort qu’ils ne portent pas cette violence.
Etes-vous "Charlie"?
Non, je ne suis pas "Charlie", je suis André Marceau! Soyons nous-mêmes avec nos convictions. Ces caricatures, ce n’est pas mon problème. Certes, la liberté d’expression est sacrée en France, mais que chacun s’assume. Il y a des identités qu’on ne peut pas trop bafouer à la légère.
Et si on brocardait Jésus?
J’aurais de la peine. Lorsque des éléments nous choquent, on va devant les tribunaux et on gagne. La vraie question est de savoir comment ce radicalisme annihile Dieu. C’est aussi un Occident qui est rejeté. Il faudrait peut-être s’interroger là-dessus...
Y aura-t-il un hommage pour les trois victimes?
Les hommages, j’en ai soupé! Après, c’est fini, on oublie. Je n’en ferai pas, hormis une célébration liturgique que je présiderai dimanche, à 18 heures, à la basilique. Nous prierons pour les 3 victimes et pour les uns et les autres. C’est ouvert à tous...
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